Déclaration d'intention

 J e dois ma dette à tous les humains que j'ai rencontrés à ce jour, face à face, par l'écrit, la parole, via la radio et la télévision, et tous ceux que je n'ai pas rencontrés mais que rencontrèrent ceux que j'ai rencontrés, sans lesquels je ne penserais pas, et ne pensant pas n'aurais rien à dire. Même ceux que je déteste ou désapprouve le plus m'ont apporté quelque chose de positif, ne serait-ce que l'exemple de la voie à suivre en évitant les écueils vers lesquels ils allaient, ils vont.


Sans être aussi radical, je partage assez le point de vue d'Henri Laborit, pour qui la «personnalité» n'est pas une réalité effective. Il dit en gros que cette personnalité n'est que la résultante de toutes les interactions qu'a vécues un individu. Où je ne suis pas d'accord, c'est sur le «n'est que», je veux dire, la personnalité est la résultante de (etc.), elle est donc une réalité effective, certes changeante, variable, instable, et non ce bloc inaltérable qu'on appelle «l'identité». Les prémisses de Laborit lui font logiquement considérer que l'individu «n'existe pas», qu'il n'est qu'une composante d'une entité plus vaste, ou plutôt d'une série imbriquée d'entités, la société, le groupe social, l'Humanité, le monde, et pour finir l'Univers. C'est donc un écologisme radical que je ne peux approuver, néanmoins, je ne peux dénier qu'il y a du bon sens là-dedans. Beaucoup, même.


Mes principaux inspirateurs sont René Descartes, Gregory Bateson et Ivan Illich, qui chacun dans son domaine ont conçu des modèles de compréhension de l'univers dont la validité n'est plus — ou plutôt, ne devrait plus être — à démontrer.


Il m'arrive souvent, dans ces pages, de faire des déclarations abusives, «les gens ceci», «les gens cela», idem pour «les médias» «les politiciens»; de dire aussi que l'on ne dit pas que (---), personne ne (---), et autres simplifications de cet ordre. Ce sont des simplifications. Les médias, notamment la librairie, la presse et les sites Internet, disent beaucoup de choses raisonnables; beaucoup, mais assez minoritairement. Le site Google recense environ 2,5 milliards de pages réparties sur des dizaines de millions de sites[1]: plus de 50% est le fait de sites commerciaux, qui n'ont pas grand chose d'autre à dire que, nos produits sont superbes et il faut les acheter !, et apprendre comment les utiliser; puis il y a beaucoup de sites officiels qui transmettent des messages officiels, donc remettant peu en cause la marche du monde; le reste se compose surtout de sites sur la musique, le sexe, les véhicules automobiles, et autre sujets formidables. Pour la librairie ou la presse, faites un tour à la FNAC ou chez votre marchand de journaux habituel, et évaluez la partie de l'ensemble réellement informative. Mes simplifications sont abusives mais point si inexactes.


C'est tout, ici. Pour la suite, il y a le site.


[1] Depuis la rédaction de ce texte, à la mi-septembre 2002, le nombre de pages a franchi «la barre symbolique» (comme l'on dit dans les médias) des trois milliards de pages, fin décembre 2002. Pour anecdote, si l'on consacrait en moyenne trois minutes à chaque page, il faudrait, à dix heures de parcours par jour, et considérant qu'il n'y ait pas de délais d'une page à l'autre, près de 43.000 ans pour tout parcourir…