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Gregory Bateson - Vers une Écologie de l'esprit
II - Forme et modèle en anthropologie |
C'est un mémorandum publié, par le comité du Conseil de recherches en sciences sociales (cf. Man, 1935, 162), qui m'a incité à avancer ici un point de vue qui s'en écarte considérablement. Le début de mon propos peut paraître plutôt critique, et c'est la raison pour laquelle je tiens à préciser d'entrée de jeu que, quoi qu'il en soit, pour moi, toute tentative de déterminer des catégories pour l'étude des rapports culturels est toujours une contribution utile. Il y a d'ailleurs dans ce mémorandum plusieurs passages que je ne comprends pas vraiment (notamment la définition), ce qui fait que ma critique, pour directe qu'elle puisse paraître, n'est pas dirigée contre le comité, mais plutôt contre certaines erreurs qui ont largement cours dans les recherches anthropologiques.
1. On peut commencer par dire qu'il est généralement imprudent d'élaborer des systèmes conceptuels avant que les problèmes qu'ils sont censés élucider n'aient été clairement formulés. Pour autant que je puisse m'en rendre compte, les catégories esquissées dans le mémorandum qui m'a servi ici de point de départ n'ont pas été élaborées en relation avec des aspects spécifiques et définis, mais dans le but d'éclairer le thème du «contact culturel» en général, alors que le problème lui-même restait très vaguement défini.
2. De là, il résulte que œ qui est immédiatement nécessaire, ce n'est pas d'élaborer un ensemble de concepts pour répondre à toutes les questions, mais plutôt de formuler schématiquement les problèmes, afin de pouvoir, par la suite, les examiner isolément.
3. Quoique, dans le mémorandum, le problème soit assez mal défini, un examen attentif des concepts qui y sont proposés peut nous aider à déterminer en gros les questions qui sont soulevées à cet endroit. En fait, il semble que le comité a été influencé par le type de questions que les administrateurs posent d'habitude aux anthropologues: «Est-ce une bonne chose que d'employer la force dans les contacts culturels?» ou: «Comment faire accepter tel trait culturel à tel groupe ethnique?», etc. C'est bien comme réponse à ce type de questions que, dans la définition du contact culturel, on insiste surtout sur la différence culturelle entre groupes et sur les changements qui en résultent; des dichotomies, comme celle entre «éléments imposés et éléments reçus volontairement par un peuple»[1], peuvent être considérées comme symptomatiques de cette façon de penser en termes administratifs. On peut dire la même chose des concepts désignés sous les lettres V, A, B et C, respectivement «acceptation», «adaptation», «réaction».
4. Si d'une part nous admettons qu'il est nécessaire d'apporter des réponses à de telles questions administratives et qu'une étude des rapports culturels est susceptible de les fournir, d'autre part il est presque sûr que la formulation scientifique des problèmes du contact culturel ne doit pas suivre les mêmes voies. C'est comme si, en élaborant les concepts de la criminologie, nous commencions par un classement dichotomique des individus, en criminels et non-criminels; et, en effet, le développement de cette curieuse «science» a été longtemps entravé précisément par la tentative de définir un «type criminel».
5. Le mémorandum en question repose, d'ailleurs, sur une fausse prémisse, selon laquelle les traits d'une culture peuvent être classés sous des rubriques telles que: économie, religion, etc. On nous demande, par exemple, de subdiviser ces traits en trois classes, se rapportant respectivement:
L'idée que chaque trait n'aurait qu'une seule fonction ou, du moins, une fonction qui prédominerait sur les autres, mène, par extension, à la thèse qu'une culture peut être subdivisée en «institutions», l'ensemble des traits constituants d'une institution se ressemblant quant à leurs fonctions principales. La faiblesse d'une telle méthode a été clairement démontrée par Malinowski et ses disciples: ils ont, en effet, prouvé que l'ensemble d'une culture peut être vu comme un mécanisme destiné soit à modifier et satisfaire les besoins sexuels soit à appliquer les normes de comportement soit, encore, à satisfaire aux besoins alimentaires des individus[2].
A partir de cette démonstration exhaustive, nous devons attendre que chaque trait d'une culture qu'on examine ne soit pas simplement économique, religieux ou structural, mais qu'il participe de tous ces attributs, suivant le point de vue duquel nous le regardons. Si cela est vrai pour la section synchronique d'une culture, il doit en être de même pour les processus diachroniques de contacts culturels et d'acculturation: l'offre, l'acceptation ou le refus de chaque trait sont conditionnés par des causes économiques, structurelles, sexuelles et religieuses tout à la fois.
6. Il s'ensuit que nos catégories — le «religieux», l'«économique», etc. — ne sont pas des subdivisions réelles, présentes dans les cultures que nous étudions, mais tout simplement des abstractions que nous fabriquons, pour des raisons de commodité, afin de décrire verbalement ces cultures. Ce ne sont pas des phénomènes «présents», mais uniquement des étiquettes pour les différents points de vue que nous adoptons dans l' analyse. En maniant de telles abstractions, nous devons éviter le sophisme «du concret mal placé», mis en évidence par Whitehead; erreur que font, par exemple, les historiens marxistes quand ils soutiennent que les «phénomènes» économiques sont «primaires».
Après ces préliminaires, il nous faut maintenant considérer un autre schéma pour l'étude des phénomènes de contact.
7. Champ d'investigation. Sous le titre de «contact culturel», je considère — laissant de côté les cas où le contact, se produisant entre deux communautés de cultures différentes, débouche sur une profonde perturbation de la culture d'un des groupes ou des deux —les cas de contact à l'intérieur d'une même communauté: entre des groupes différenciés d'individus, entre les deux sexes, entre jeunes et vieux, entre aristocratie et peuple, entre clans, etc., autant de groupes qui vivent ensemble dans un équilibre approximatif. J'irai, à la limite, jusqu'à élargir l'idée de «contact», pour y inclure les processus qui façonnent et forment un enfant selon les normes de la culture dans laquelle il est né[3]; mais, pour l'instant, je me limiterai aux contacts entre groupes d'individus où les normes culturelles du comportement sont différentes.
8. En considérant les effets éventuels des perturbations profondes qui font suite aux contacts entre des communautés très différentes, on peut constater que les changements prennent la forme d'un des modèles suivants:
9. En étendant l'idée de contact aux conditions de différenciation à l'intérieur d'une même culture, mon but est d'utiliser la connaissance que nous avons de ces états d'«équilibre», pour mettre en lumière ce qui entre en jeu dans les états de déséquilibre. Car, en état d'équilibre, il est facile d'obtenir une connaissance des facteurs distincts, alors qu'il est impossible de les isoler lorsqu'ils agissent violemment. Les lois de la gravité, par exemple, ne peuvent pas être étudiées convenablement en observant des maisons qui s'effondrent lors d'un tremblement de terre.
10. Le cas de la fusion complète. Puisqu'il s'agit d'une des issues possibles du processus, il nous faut savoir quels sont les facteurs présents à l'intérieur d'un groupe d'individus obéissant à des modèles de comportement homogènes et compatibles. On pourrait fonder une approche de ces conditions sur l'étude de toute communauté en équilibre précaire; malheureusement, nos propres communautés européennes se trouvent dans un état de fluctuation qui fait que ces conditions sont rarement remplies. Qui plus est, même au sein des communautés primitives, les conditions sont d'ordinaire compliquées par la différenciation, de sorte que nous devons nous contenter d'étudier les groupes homogènes qu'on peut observer à l'intérieur des communautés nettement différenciées.
Une première tâche sera d'établir les types d'unité qui prédominent à l'intérieur de ces groupes; ou plutôt —pour marquer qu'il s'agit là d'aspects et non pas de classes de phénomènes —de voir quels aspects du corps unitaire de traits doivent être décrits pour donner une image globale de la situation étudiée. Afin d'être pleinement compris, le matériel doit être examiné, au moins, sur cinq points:
11. En plus de l'étude, sous tous ces aspects, du comportement des membres d'un groupe homogène, certains de ces groupes sont à examiner pour saisir l'effet que la standardisation de ces différents points de vue peut avoir sur les individus étudiés. J'affirmais précédemment que chaque élément du comportement doit être considéré comme relevant probablement de tous ces points; il n'en reste pas moins que certains individus ont plus que d'autres tendance à voir leur propre comportement comme «logique» ou «conforme au bien de l'État» et à le qualifier ainsi.
12. Avec cette connaissance des conditions qui prévalent dans les groupes homogènes, nous sommes en état d'examiner les processus de fusion de deux groupes différents en un seul, et même de prescrire les mesures à prendre, soit pour faciliter, soit pour retarder une telle fusion; prédire, par exemple, qu'un trait qui est compatible avec les cinq aspects de l'unité peut être ajouté tel quel — sans autres changements — à une culture. S'il n'y a pas compatibilité, il faut modifier de façon appropriée soit la culture en question, soit le trait.
13. Le cas de l'élimination d'un des groupes ou des deux. L'étude d'un tel aboutissement-limite nous apprendra peut-être assez peu de chose; néanmoins, il est nécessaire d'examiner dans cette perspective tout le matériel dont nous disposons, afin de préciser les répercussions qu'un tel développement négatif peut avoir sur la culture des survivants. Il est possible, par exemple, que les modèles de comportement associés à l' «élimination» d'autres groupes soient tout à fait assimilés dans la culture prégnante, de sorte que les individus qui en font partie soient poussés de plus en plus vers ce type d'élimination.
14. Le cas de la persistance de deux groupes en équilibre dynamique. Parmi tous les résultats possibles de la mise en contact, celui-là est probablement l'un des plus instructifs, puisque les facteurs agissant dans l'état d'équilibre dynamique sont vraisemblablement identiques ou analogues à ceux qui, en état de déséquilibre, sont actifs lors du changement culturel. Une première tâche est d'étudier les relations qui prévalent entre ces groupes d'individus aux modèles de comportement différenciés, pour voir ensuite en quoi ces relations peuvent nous éclairer sur ce qui est désigné d'ordinaire par le mot «contact». Tous les anthropologues qui ont travaillé sur le problème du contact culturel ont eu l'occasion d'étudier de tels groupes différenciés.
15. Les possibilités de différenciation des groupes n'étant pas infinies, on peut en délimiter nettement deux catégories: a) les cas où la relation est principalement symétrique (par exemple, la différenciation des moitiés, des clans, des villages et des nations en Europe); b) les cas où la relation est complémentaire (la différenciation des couches sociales, des classes, des castes, des groupes d'âge et, parfois, la différenciation culturelle entre sexes[4]). Ces deux types de différenciation contiennent des éléments dynamiques tels que si certains facteurs de freinage sont supprimés, la différenciation ou la séparation des groupes s'accentue progressivement, pour aboutir soit à l'effondrement, soit à un nouvel équilibre.
16. Différenciation symétrique[a]. Peuvent s'inscrire dans cette catégorie tous les cas où les individus des deux groupes A et B ont les mêmes aspirations et les mêmes modèles de comportement, mais se différencient par l'orientation de ces modèles. Ainsi, les membres du groupe A agiront selon des modèles de comportement A, B, C, dans les rapports à l'intérieur du groupe, mais adopteront les modèles X, Y, Z, dans leurs rapports avec le groupe B. De même, les membres du groupe B agiront selon les modèles A, B, C, à l'intérieur du groupe, et selon les modèles X, Y, Z, dans leurs rapports avec le groupe A. C'est ainsi que s'établit une situation où le comportement X, Y, Z sera la réponse standard à X, Y, Z. Cette situation contient des éléments qui peuvent conduire, à la longue, à une différenciation progressive, ou schismogenèse, selon les mêmes lignes. S'il y a, par exemple, de la vantardise dans les modèles X, Y, Z, nous verrons qu'il est probable — car la vantardise répond à la vantardise — que chaque groupe amène l'autre à accentuer à l'excès le modèle en question; processus qui ne peut conduire, s'il n'est pas contenu, qu'à une rivalité de plus en plus grande et, finalement, à l'hostilité et à l'effondrement de l'ensemble.
17. Différenciation complémentaire. Dans cette catégorie seront inscrits tous les cas où le comportement et les aspirations des membres des deux groupes sont fondamentalement différents. Ainsi, les membres du groupe A utilisent entre eux les modèles L, M, N, et emploient les modèles 0, P, Q, dans leurs rapports avec le groupe B. En réponse, à 0, P, Q, les membres du groupe B utilisent les modèles U, V, W, mais adoptent entre eux les modèles R, S, T. Il peut arriver que 0, P, Q, soit la réponse à U, V, W, et vice versa. La différenciation peut devenir alors progressive. Si, par exemple, la série 0, P, Q, comprend des modèles de domination culturelle, alors que U, V, W, implique la soumission, il est vraisemblable que cette dernière accentuera encore plus la domination qui, à son tour, accusera la soumission du second côté. Cette schismogenèse, si elle ne peut pas être refrénée, conduit à une déformation progressive unilatérale des personnalités des membres des deux groupes: cela aboutit à l'hostilité mutuelle et doit se terminer par l'effondrement du système global.
18. Réciprocité. Bien que les relations entre groupes puissent en gros être classées en deux catégories, symétrique et complémentaire, cette subdivision est, dans une certaine mesure, estompée par un autre type de différenciation, que nous pouvons qualifier de réciproque: où les modèles de comportement X et Y sont adoptés par les membres de chaque groupe, dans leurs rapports avec l'autre groupe, mais, au lieu du système symétrique où X est la réponse à X et Y à Y, X devient ici la réponse à Y. Par conséquent, pour un cas isolé, le comportement est asymétrique; la symétrie est recouvrée seulement sur un grand nombre de cas, puisque parfois le groupe A utilisant X, le groupe B répond par Y, et, d'autres fois, le groupe A utilisant Y, le groupe B répond par X. Les cas, par exemple, où le groupe A vend (ou il lui arrive de vendre) du sagou au groupe B, lequel, à son tour, vend (il lui arrive de vendre) la même marchandise à A, peuvent être qualifiés de réciproques; mais si le groupe A vend habituellement du sagou à B, alors que ce dernier vend habituellement du poisson à A, nous devons considérer le modèle comme complémentaire. Le modèle réciproque, il faut le not~r, est compensé et équilibré à l'intérieur de lui-même et, par conséquent, ne tend pas vers la schismogenèse.
19. Points à élucider:
20. Quelques facteurs restrictifs. Ce qui est encore plus important que les problèmes mentionnés au paragraphe précédent, c'est une étude des facteurs qui refrènent les deux types de schismogenèse. A l'heure actuelle, les nations de l'Europe se trouvent fort avancées dans la voie d'une schismogenèse symétrique et sont prêtes à s'empoigner; en même temps, à l'intérieur de chaque nation, on peut observer des hostilités grandissantes entre 4ifférentes couches sociales, symptôme d'une schismogenèse complémentaire. De même, nous pouvons observer, dans les pays gouvernés par de nouvelles dictatures, les étapes initiales d'une schismogenèse complémentaire: le comportement de ses alliés pousse la dictature à une vanité et à un autoritarisme toujours plus grands.
Cet article a pour but uniquement de mettre en évidence certains problèmes et de suggérer des lignes d'investigation plutôt que d'apporter des réponses; cependant, nous pouvons essayer d'énoncer ici quelques suggestions à propos des facteurs qui «contrôlent» la schismogenèse:
21. Pour finir, nous pouvons retourner maintenant aux problèmes de l'administrateur face au contact culturel entre Blancs et Noirs. Sa première tâche est de décider laquelle des issues mentionnées au paragraphe 8 est souhaitable et réalisable. Cette décision doit être prise sans hypocrisie. S'il choisit la fusion, il doit s'efforcer d'élaborer chaque étape, en sorte que les conditions de compatibilité mentionnées (en tant que problèmes de recherches) au paragraphe 10 soient réalisées. Si les deux groupes doivent demeurer en une certaine forme d'équilibre dynamique, les possibilités de schismogenèse dans le système doivent se compenser, s'équilibrer convenablement entre elles. Mais, chaque étape dont je viens de parler soulève des problèmes qui doivent être étudiés par des spécialistes compétents; la résolution de ces problèmes apportera une contribution non seulement à la sociologie appliquée, mais aux fondements mêmes de notre compréhension de l'être humain vivant en société.
[*] Toute la controverse dont faisait partie cet article a été réimprimée dans Beyond the Frontier, édité par Paul Bohannon et Fred Plog. Les remous qu'elle a suscités à l'époque se sont depuis longtemps apaisés, et œt article n'apparaît ici que pour ses contributions positives. Il fut réimprimé, sans aucun changement, dans Man, article 199, vol. XXXV, 1935, avec l'autorisation de l'Institut anthropologique royal de Grande-Bretagne et d'Irlande.
[a] Toute cette partie de l'article anticipe d'un an les développements que Bateson retiendra dans la partie finale de Naven (1936) auquel le lecteur peut utilement se reporter. (N.d.É.)
[1] En tout cas, il est évident que ce recours à
un libre arbitre ne peut trouver sa place dans une étude scientifique des processus et
des lois naturelles.
[2] Cf. Malinowski. Sexual Life et Crime and Custom; A.-I.
Richards, Hunger and Work. Subdiviser une culture en «institutions» n'est pas une affaire
aussi simple que je l'ai laissé entendre; et, en dépit de ses travaux, je crois que
l'Ecole de Londres suppose toujours qu'une telle subdivision est possible.
Vraisemblablement, la confusion vient du fait que certaines populations autochtones —
peut-être toutes, mais, en tout cas, celles de l'Europe occidentale — conçoivent leur
culture en la subdivisant de cette façon. Différents phénomènes culturels contribuent
aussi à un tel type de division: a) la division du travail et la différenciation des
normes du comportement entre différents groupes appartenant à la même communauté; b)
l'accent mis, dans certaines cultures, sur les subdivisions de temps et de lieu,
conditionne le comportement. Dans ces cultures, de tels phénomènes permettent de
qualifier de «religieux» tout comportement ayant lieu, par exemple, dans une église le
dimanche matin entre Il h 30 et 12 h 30. Mais même en étudiant ces cultures,
l'anthropologue doit tenir pour suspecte toute classification des traits en institutions
et s'attendre que bon nombre de celles-ci se chevauchent.
En psychologie, on retrouve une erreur analogue qui consiste à considérer le comportement
en fonction des impulsions qui l'inspirent: autoconservatrice, assertive, sexuelle,
d'accumulation. Ici aussi, la confusion vient de ce que non seulement le psychologue,
mais également l'individu étudié, sont enclins à penser en ces termes. Les psychologues
devraient bien admettre que tout élément de comportement — du moins dans le cas
d'individus intégrés — a simultanément rapport à toutes ces abstractions.
[3] Ce schéma doit être orienté vers l'étude des processus
sociaux plutôt que psychologiques; mais un schéma presque analogue pourrait être élaboré
pour l'étude de la psychopathologie. Ici, l'idée de «contact» serait analysée en
fonction, surtout, du façonnement de l'individu, et l'on verrait le rôle important des
processus de schismogenèse, non seulement dans l'accentuation de la mauvaise adaptation
du «déviant», mais aussi dans l'assimilation de l'individu normal par son groupe.
[4] Cf. Margaret Mead, Sex and Temperament, 1935 (éd. fr.
Mœurs et Sexualité en Océanie, Paris, 1960). Parmi les communautés dont on trouve une
description dans ce livre, les Arapesh et les Mundugumor ont des relations en majorité
symétriques entre sexes, alors que les Chambuli ont des relations complémentaires. Parmi
les Iatmul, une tribu de la même région de Nouvelle-Guinée, que j'ai étudiée, la relation
entre sexes est complémentaire, tout en étant néanmoins différente de celle des Chambuli.
J'espère publier bientôt un livre sur les Iatmul, où je donnerai des aperçus de leur
culture selon les aspects a), b) et e) mentionnés au paragraphe 10. (Cf. Bibliographie,
rubriques 1936 et 1958 B.)
[5] Ici, comme dans d'autres exemples que j'ai donnés, il
ne s'agit pas de considérer la schismogenèse sous tous les aspects mentionnés au
paragraphe 10. En fait, dans la mesure où nous n'envisageons pas l'aspect économique du
problème, les conséquences de la crise économique sur la schismogenèse n'entrent pas en
ligne de compte. Une étude complète serait subdivisée en différentes sections, chacune
traitant l'un des aspects des phénomènes.