L es gesticulations de la supposée «communauté internationale» sont souvent discutables, même quand justifiées. Dans le cas où elles sont ou semblent justifiées, le problème réside dans le fait que, à situations comparables, on observe souvent des réactions injustifiées. Prenons deux cas, la Serbie et la Géorgie, la première lors de l'affaire du Kosovo — celle de 1998-1999, la seconde pour l'affaire de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie, commencée en 2008 (comme je commence ce texte fin août 2008, je ne sais si elle s'étendra au-delà ce cette année). La seconde affaire s'apparente aussi, en partie, à celle de la Bosnie-Herzégovine en 1992-1996 – j'y reviendrai. Mon problème ici est de deux ordres : le traitement différent des deux cas, et la présentation différente des deux situations. S'y ajoutent deux autres problèmes : que l'on met sur un même plan deux situations différentes, et qu'on proclame un peu partout, dans les deux cas, l'inverse de ce que dit le supposé «droit international». Propagande contre véritéPour être clair : je n'ai pas d'opinion préalable sur la légitimité des
situations et des discours les concernant, même si j'ai mon opinion sur leur validité, et
ne pointerai ici que les aspects propagandistes des discours médiatiques et politiques
observables dans mon propre pays, la France, et ceux qui vont dans le même Le problème le plus évident, pour qui regarde les choses avec un peu de distance, est l'invalidité du rapprochement le plus habituel entre la situation caucasienne d'août 2008 et celle balkanique de février 2008 qui, suite à la «reconnaissance» unilatérale par la Russie de l'indépendance de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie, devint comparaison, alors que la situation réelle dans le Caucase correspondait à celle des Balkans en 1999, avec une attaque illégale, au point de vue du droit international, d'un État souverain, dans le premier cas la Serbie, dans le second la Géorgie. Le problème est, bien sûr, que les politiciens et médiateurs partisans, en 1999, de cette dérogation au droit international, ne veulent précisément pas que ce parallèle soit fait, ça soulèverait la question de la validité des enchaînements d'événements qui conduisirent à l'indépendance auto-proclamée du Kosovo, largement soutenue par les médiateurs et politiciens qui s'offusquèrent par après de la même auto-proclamation par les territoires caucasiens dans des conditions similaires, cela avec l'assentiment et le soutien armé d'une puissance extérieure. Par expérience, tant pour ce que j'ai vu que pour ce que j'ai vécu, j'ai pu constater qu'il est utile de se répéter quand on propose des analyses non conventionnelles, je le précise donc de nouveau, je ne discute pas de ce sujet des points de vue moral et politique ; il ne s'agit pas ici de réduire l'importance de la crise caucasienne en la comparant à celle balkanique, j'essaie simplement de comprendre comment et pourquoi se constitue un discours propagandiste. Ou plutôt, pourquoi et comment : je traite rarement des chaînes de causalité mais dans l'analyse de la propagande le «comment» découle très souvent du «pourquoi» ; pour le dire mieux, la mise en place d'une propagande s'explique directement par les actions précédentes et les discours médiatiques préalables «explicatifs» de ces actions. [1] Pour être encore plus clair, je considère l'intervention de la Russie en Géorgie très négativement, au cas où mes lecteurs en douteraient, mais n'ai pas jugé plus positivement celle des «alliés» en Serbie, en 1999. |